Revenons sur quelques concerts inédits
L’acte 3 du festival qui mélange les tendances musicales de tous les
coins du monde, avait droit de citer du jeudi 11 au dimanche 14 décembre
derniers. Pour l’occasion, le festival Cotonou Couleurs Jazz prenait d’assaut
le quartier qui a vu naître John Arcadius, l’un de ses organisateurs. Sikècodji
et Cotonou auront donc vécu des moments inoubliables, avec des artistes de
renommée internationale. Des instants d’intenses émotions transmises par des
prestations d’artistes rompus à la tâche. Revenons ici sur la prestation de
trois artistes qui comme les autres ont su endiabler le public.
Faty la merveille qui émerveille
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Faty |
Première artiste à ouvrir le bal
des concerts, la béninoise Fatima Kouchékèho, alias Faty, a surpris son monde.
Jeune artiste de la musique, celle à qui d’aucun donneront ici le titre
d’artiste en herbe, a fait parler son talent, en apportant un démenti formel,
quant à la place qui devrait normalement être la sienne, dans ce monde musical.
Talent à l’état pur avec un timbre vocal hors du commun, Faty a donné un show
époustouflant. De la chanson à la danse, de la voix aux jeux scéniques, elle a
été tout simplement superbe. Sur un mélange exceptionnel des tendances musicales
et accompagnée de grands instrumentistes, tel : Fiacre Ahidomèhou alias
Fifi Fender à la guitare solo, Fagèm à la basse, Bonaventure Didolanvi à la
percussion, Djimmy Béla à la Batterie et Emmanuel à la guitare, la fille
d’Avrankou a fait danser l’autorité municipale, Léhady Soglo, le ministre de la
culture et sa suite et tout Cotonou avec. Un concert live qui aura fait oublier
d’autres artistes béninoises que tout le monde qualifiait ici d’étoile montante
de la musique béninoise. Un live époustouflant qui n’est pas donné à tous les
artistes béninois. Le public était en extase et ne s’en revenait pas au bout de
seulement cinq (5) chansons exécutées par celle qu’on peut déjà surnommer la
Diva de la musique béninoise. L’auteure, compositeur et interprète de ‘’Totchémègnon’’
a séduit les foules par sa prestation. Une vraie perle rare pour la musique
béninoise qui peut avec elle espérer des lendemains meilleurs, car son talent
titille déjà à cette étape de sa carrière les sommets. « Je trouve mon
énergie dans le sourire des autres, sans le public je ne suis rien »,
avoue Faty, lorsqu’on lui demande d’où elle puise autant d’énergies. Edia
Sophie, Vivi l’Internationale, Angélique Kidjo et Zéynab peuvent remercier le
ciel d’avoir trouvé de leur vivant, cette perle rare qui sera pour elles, une
relève de qualité irréprochable. Faty a donné la preuve que lorsqu’on prend son
temps pour murir son projet, lorsqu’on cultive son talent, lorsqu’on travaille
vraiment, c’est le bruit qui se charge des résultats. Pour la petite histoire,
Fatima Kouchékèho a fait ses débuts dans la musique, dans la chorale de
l’église catholique Notre Dame de Fatima de San-Pedro en Côte d’Ivoire. Après
plusieurs autres chorales feront d’elle leur chanteuse principale. En 2006,
elle rentre au Bénin et entame des collaborations avec plusieurs artistes dont,
Zéynab, Sagbohan Danialou, Don Métok, Jah Baba, Wood Sound aussi bien en studio
qu’en live. Depuis quelques années Faty tient le rôle de chanteuse principale
de l’orchestre de la SOBEBRA.
Spaïcy l’haïtienne qui retrouvait la terre
de ses ancêtres
Spaïcy |
La canadienne
originaire d’Haïti, l’une des grandes voix des musiques du monde, pour son
premier voyage en Afrique a été saisie d’émotion. La raison est simple, c’est
grâce à Cotonou Couleurs Jazz, à Silvana Moï Virchaux et à John Arcadius, que
Spaïcy a foulé pour la première fois le sol de ses ancêtres. Descendante
d’esclaves, elle connaissait l’histoire et savait que ses parents venaient
d’Afrique et notamment du Bénin. C’est un voyage chargé de sensations et
d’émotions qu’elle a effectué. Ses émotions et sensations, elle les a
transmises au public via un concert inédit qu’elle a donné le samedi à
Sikècodji. Dans un mélange des tendances, Soul et Afro Jazz sans oublier la
Compa en bonne haïtienne, elle su transmettre à la foule des émotions. En
français, comme en anglais et en créole, Spaïcy mélange talent et savoir faire
pour communiquer avec son monde. Elle a su insuffler le rythme au public de
Cotonou qui en liesse dansait sous ses mélodies envoutantes. Elle s’était
montrée visiblement très heureuse d’être pour la première fois sur la terre de
ses ancêtres. Bien que vivant au Canada, elle s’est engagée auprès de la
jeunesse haïtienne qu’elle veut aider à travers plusieurs projets musicaux.
Avec ‘’Intuition’’ son premier livre sonore parut en 2008 et un autre fait de
Soul et d’Afro Jazz en 2012, son troisième opus paraitra au cours du premier
trimestre de l’année 2015.
Le phénoménal Lokua Kanza
Lokua Kanza |
Voilà un artiste qui n’a de cesse
d’émerveiller les publics du monde partout où il va. Cotonou Couleurs Jazz et
la mégalopole béninoise, n’ont pas échappé à cette règle. C’est un Lokua Kanza des grands jours comme
c’est toujours le cas avec le natif de Kinshasa, que le public de Cotonou a
découvert. Etant aussi au Bénin pour la première fois, il a réuni un public
mixte composé de congolais, de béninois, de français, d’anglais, de togolais,
de camerounais, etc. Sur la grande scène de Cotonou Couleurs Jazz, lorsqu’après
le concert du groupe Viviola du Bénin, le directeur technique du festival
annonça Lokua Kanza, même les barrières posées par le comité d’organisation
pour empêcher ceux qui n’ont pas payer de suivre les concerts, n’a pas
longtemps résisté. Très rapidement les populations de Cotonou, dans l’effervescence
de découvrir la vedette congolaise, poussa les barrières. En quelques minutes,
ses instrumentistes mettront en place le dispositif du grand Lokua. Toujours
collé à sa guitare, il fait son apparition sur la scène sous un tonnerre
d’ovation. Un concert de feu pouvait être lancé, par le phénoménal Lokua Kanza,
qui pour un premier déplacement sur le Bénin, est venu avec tous ses musiciens,
pour donner un show inoubliable. De temps en temps, le monument de la musique
africaine décrochera des standings ovations et le public en chœur a repris ses
titres cultes avec lui. Un concert fait d’un mélange de sonorités tirées des
tréfonds des cultures africaines associées à des inspirations à la sauce
occidentale. Un vrai citoyen du monde qui mélange les tendances dans
différentes langues, que sont le français, l’anglais, le swahili, le
kinyarrwanda et bien sûr le lingala. Pour celui qui, à dix neuf (19) ans, dirigeait déjà le Ballet
national du Congo à Kinshasa, la musique est toute sa vie. Avec une musique qui
transcende les esprits, Lokua Kanza a fait voyager, le public à travers le
monde jusqu’à Kinshasa-Matongué qui l’a vu naître. De ‘’Shadow’’ aux autres
titres, il a fini par mettre ‘’du soleil dans les cœurs avec beaucoup de
couleurs pour les âmes’’, tout ceci sur
Cotonou Couleurs Jazz. Pour celui qui voulait être à Cotonou, il y a très
longtemps, c’est un bonheur, d’être là en famille. Il était accompagné par Paty
Molesso, Cumbabélo, Shaguédir Rosine Bélinga, Philippe le français au son et sa
fille ainée, Malaïka Lokua. Un concert que les cotonois, n’oublieront pas de
sitôt.
Patrick Hervé YOBODE
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